Derrière le groupe Epinomis : la famille Liogier, trois générations au service des personnes âgées

Au cours des années 1950, M. et Mme Jean-Baptiste Gilibert créaient à Compiègne, dans une vaste maison bourgeoise proche de l'Hôtel de Ville, la maison de retraite Saint-Jacques. A l'origine, ils avaient désiré y établir une maison d'enfants, mais les services sociaux départementaux les en ont dissuadés, leur proposant plutôt la réalisation d'une maison de personnes âgées pour répondre àun besoin criant. L'établissement comptait 45 lits réservés en priorité à des bénéficiaires de l'aide sociale aux personnes âgées, donc pris en charge par l'État. Les moyens étaient limités et l'atmosphère familiale.

maison retraite

Au cours des années 1960, M. et Mme Gilibert inauguraient dans un hôtel particulier à Senlis un petit établissement de 25 lits, lequel fut ultérieurement dirigé par leur fille, Madame Claudine Liogier, opportunément jeune diplômée de l'école d'infirmière.

En 1970, M. et Mme Jean Liogier créaient la Résidence Saint-Régis à Compiègne par adjonction d'un petit immeuble neuf à un hôtel particulier Napoléon III. Il s'agit alors d'un très bel établissement d'une centaine de lits au confort inédit : locaux communs dans l'ancien rénové et chambres avec salles de bains privatives dans la partie neuve.

Déjà à l'origine, avait été proposé à l'administration un établissement divisé en quatre unités de vie, une par étage. Cette organisation des locaux, révolutionnaire à l'époque, n'a pas été autorisée. Le fonctionnement d'une unit' de vie relativement autonome au sein d'un plus grand ensemble a pu ultérieurement être testé grandeur nature par l'adjonction dans les anciens communs de la propriété d'un ensemble de 23 lits, et ce à la plus grande satisfaction des résidents.

L'établissement, âgé de plus de trente ans, est toujours en activité avec une réputation intacte. Il débute actuellement une campagne de rajeunissement qui permettra la mise en pratique des préceptes du groupe.

L'ampleur de cette rénovation, qui comprend tout de même la démolition totale et reconstruction d'une partie ainsi que le remaniement fondamental du reste, ne permet pas de répondre à toutes les attentes des dirigeants actuels, Antoine et Marie-Anne Liogier. Le respect de l'architecture initiale ne satisfait pas aux exigences de la dépendance psychique que seule une construction neuve peut traduire. C'est pour répondre à ce besoin criant, qui concerne 5 % des plus de 65 ans et autour de 40 % des personnes âgées en institution dans l'Oise, que fut lancé le projet de la "Villa Épinomis" inaugurée à Compiègne au mois de novembre 2002.

Le projet de Neuville est tout autre, même s'il comprend une proportion minimale d'hébergement spécifiquement dédié à la dépendance psychique. Le village répond parfaitement à la plus grande difficulté du concept Épinomis : aménager un cœur, une pompe qui diffuse artificiellement, ou mieux volontairement, la vie et romps avec l'exclusion caractéristique des personnes âgées.

Alors que le Village de Neuville-sur-Oise bénéficiait d'avantageuses et agréables rénovations, le château succombait bientôt aux outrages du temps et aux blessures des squatters : l'écrin soigné abritait un trésor délaissé. A l'inverse de nombreux autres projets à vocation exclusivement salvatrice du château, la création d'un EHPAD* (Établissement d'Hébergement de Personnes Âgées Dépendantes) au sein même de Neuville a pour ambitieuse visée la réconciliation du village et du château, l'harmonisation entre l'écrin et le trésor. Le projet est entièrement basé sur l'ouverture réciproque du château au village, de leur enrichissement croisé.

Le concept est novateur et entraîne de multiples aménagements ayant vocation à être partagés tant par les personnes âgées que par les habitants du village ou les visiteurs. Un partenariat doit être réfléchi avec les commerçants du village pour faire vivre, qui une pharmacie, un restaurant ouvert tant aux résidents en mal de changement, qui au public, un salon de coiffure, un kiosque à journaux qui bien que dans l'enceinte et participant des services aux résidants seront délibérément attractifs pour l'extérieur. Toujours pour servir ces idées neuves, la grande salle permettra d'accueillir les répétitions des troupes de théâtre amateurs, chorales clubs divers ou associations qui en feront la demande ou que nous solliciterons. Le but de ce type d'expérience est autant d'amener la cité au plus près des résidents que de faire profiter au public du cadre exceptionnel et des aménagements du château.

* EHPA : Etablissement d'Hébergement de Personnes Agées Dépendantes : Cet acronyme tout neuf définit depuis quelques années l'avenir des maisons de retraite à travers un cahier des charges sévère imposant des minima architecturaux et organisationnels notamment de médicalisation. En 2004, seuls les EHPAD garderont la faculté de pouvoir accueillir les personnes âgées dépendantes.