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Les archives du château, déposées aux Archives départementales du Val-d'Oise en 1980 par Monsieur et Madame d'Harambure, éclairent par leur contenu l'ensemble de l'histoire du domaine et des familles.

Avant la Révolution, nous sommes en présence d'une institution d'Ancien Régime - la seigneurie de Neuville - constituée d'un domaine avec métairie, puis manoir et droits seigneuriaux.

Après la Révolution, nous relatons l'histoire d'un domaine équivalent à l'ancienne seigneurie amputée de ses droits seigneuriaux, et celle des grandes familles successivement propriétaires du château.

Aussi loin que nous puissions remonter, c'est à la famille Deliès de Pontoise, descendant des Valois et même de la famille de Charlemagne qu'appartenait en 1099 la seigneurie de Neuville.

Amaury II Deliès, seigneur de Neuville, se fit religieux à Saint-Martin de Pontoise, du vivant de Saint Gautier, fondateur de l'abbaye.

Amaury II Deliès avait une sœur appelée Agnès Deliès de Pontoise. Elle fut la seconde femme de Bouchard de Montmorency et c'est à cette occasion que Neuville bascula entre les mains des Montmorency. C'est de cette époque que date la constitution de la baronnie de Conflans, longtemps entre les mains des descendants de Bouchard. Neuville, Eragny et Ham qui y étaient attachés, en supportèrent toutes les vicissitudes.

La seigneurie de Neuville fut sans doute possédée par la suite par des bourgeois de Pontoise, peut-être apparentés aux Deliès. Cette seigneurie reçut probablement le contre-coup de l'occupation anglaise pendant la guerre de Cent Ans sans que nous puissions assurer que celle-ci bouleversa les droits des seigneurs de Neuville.

Ce n'est qu'après cette occupation vers 1360 que nous voyons la seigneurie de Neuville possédée en partie indivisément chacun pour moitié par Jehan de Saint-Ernoul et par le chevalier Jehan de Crécy.

Le 26 août 1381, Jehanne de Rhus rend foi et hommage à Monseigneur Charles de Montmorency, baron de Conflans, pour certains héritages relevant de la dite baronnie et qu'elle avait achetés de Jehan de Saint-Ernoul et d'autres détenteurs.

Dans le même temps, Michel Ababos, bourgeois de Pontoise, rend aussi foi et hommage à Monseigneur le baron de Conflans pour ce qu'il tient de lui en plein fief à Neuville, quantité de parcelles de terre et l'hôtel du fief, le jardin et un arpent de vigne derrière.

Comment et pourquoi les fiefs possédés par Jehanne de Rhus et Michel Ababos sont-ils devenus la propriété de Henry d'Ennery le 18 juin 1453 ? Nous l'ignorons, toujours est-il qu'il succéda à Michel Ababos dans le fief de Neuville, et qu'après lui ce fut encore un bourgeois de Pontoise, Nicolas Thude qui, par sa femme, en devînt seigneur.

Thibaut Thude, fils et unique héritier de Nicolas Thude, a rendu foi et hommage pour la seigneurie de Neuville le 18 décembre 1473 à Monseigneur Nicolas d'Anglure, baron de Conflans.

En 1484 Thibaut Thude étant mort, ses enfants sont possesseurs indivis de la seigneurie de Neuville puis Nicole Thude, mariée à Estienne Guibert, contrôleur à sel au grenier de Pontoise, resta seule en possession de la seigneurie.Au décès de Nicole Thude, ce fut un de ses enfants, Claude Guibert qui lui succéda comme seigneur de Neuville.

Par sa mort en 1538, il laissa ladite seigneurie à ses 5 enfants qui l'abandonnèrent à leur frère Jean Guibert jusqu'à sa mort en 1560, sans postérité.

Ce fut alors Étienne Guibert, son frère, avocat au parlement, notaire et secrétaire du Roi qui devînt propriétaire de la seigneurie de Neuville. De lui, elle passa à sa fille Philippote Guibert, décédée sans postérité en 1591.

L'ancien hôtel du fief de Michel Ababos, le manoir de Neuville, fut reconstruit par les Guibert, et l'aile du château en retour sur la rivière, qui longeait l'ancien chemin du bac, est sans conteste l'œuvre de l'un ou l'autre membre de cette riche famille de bourgeois de Pontoise.

Ce fut à Louise Guibert, sœur du défunt Étienne Guibert et épouse de Louis de la Grange, que la seigneurie échut. De là vint l'installation à Neuville de cette famille de la Grange dont les descendants plus ou moins illustres occupèrent le château de Neuville jusqu'en 1775, c'est-à- dire pendant plus de deux cents ans.

En 1614, c'est Innocent de la Grange-Trianon, fils de Louise Guibert et de Louis de la Grange-Trianon qui possédait la seigneurie de Neuville.


Au décès d'Innocent de la Grange, qui avait épousé Jeanne de Houdry, ce fut Charles de La Grange, leur fils, qui vers 1630 lui succèda dans la possession de la terre de Neuville. On lui connait deux frères : Louis de La Grange, seigneur de Chennevières, décédé en 1641, et l'abbé Sébastien de La Grange aumônier du roi, chanoine de la Sainte-Chapelle, et abbé de Saint-Acheul, prés Amiens, décédé à Issy, près Paris, le 7 mai 1637 et inhumé dans la chapelle du château de Neuville. En 1793, son cercueil de plomb fut brisé et ses ossements profanés et dispersés.

Ce que l'on sait d'absolument certain sur la chapelle du château de Neuville, c'est qu'elle fut reconstruite par Charles de la Grange, seigneur de Neuville, en 1637. Héritier de son frère Sébastien de la Grange-Trianon, il devait nécessairement exécuter les clauses d'un testament qui le favorisait.

Au décès d'Innocent de la Grange, qui avait épousé Jeanne de Houdry, ce fut Charles de La Grange, leur fils, qui vers 1630 lui succèda dans la possession de la terre de Neuville. On lui connait deux frères : Louis de La Grange, seigneur de Chennevières, décédé en 1641, et l'abbé Sébastien de La Grange aumônier du roi, chanoine de la Sainte-Chapelle, et abbé de Saint-Acheul, prés Amiens, décédé à Issy, près Paris, le 7 mai 1637 et inhumé dans la chapelle du château de Neuville. En 1793, son cercueil de plomb fut brisé et ses ossements profanés et dispersés.

Ce que l'on sait d'absolument certain sur la chapelle du château de Neuville, c'est qu'elle fut reconstruite par Charles de la Grange, seigneur de Neuville, en 1637. Héritier de son frère Sébastien de la Grange-Trianon, il devait nécessairement exécuter les clauses d'un testament qui le favorisait.

Par ce testament en date du 18 juin 1636, l'abbé Sébastien lui avait abandonné sa part d'héritage dans la seigneurie de Neuville, sous la condition d'y faire bâtir un oratoire avec caveau pour y faire sa sépulture, d'entretenir un chapelain qui dirait la messe dans la chapelle du château et instruirait les enfants pauvres de Neuville et de Ham, et ce moyennant trois cents livres tournois à lui servir annuellement sur les biens qu'il abandonnait à son frère.

Charles de La Grange, petit-fils de Louise Guibert, réunit en sa seule main la seigneurie, les fiefs en dépendant (dont Ham en 1647) et la baronnie de Conflans, achetée en 1642 et que lui et ses successeurs ont toujours voulu tenir séparée de la seigneurie de Neuville.

L'ancien château n'était plus alors apte à représenter dignement son seigneur et illustre hôte, et Charles de la Grange entreprit de faire construire vers 1640-1645 une bâtisse avec deux ailes et un corps central : le château tel qu'il nous apparaît aujourd'hui, plus confortable, plus "moderne", plus grandiose aussi que l'ancien manoir des Guibert qui tombait en ruine. On ne parle plus alors dans les textes d'hôtel seigneurial mais de château.

Mais, pour arriver à construire ce vaste château et réunir d'un seul bloc toutes les anciennes propriétés de son parc actuel, il y avait quelques empêchements qu'il fallait surmonter. Il y avait d'abord un chemin public traversant l'ancien manoir, qu'il fallait faire disparaître. Ce chemin était le prolongement de celui d'Eragny vers l'Oise et servait d'accès au bac. Déjà Innocent de La Grange avait essayé de le détourner en déplaçant le bac pour le mettre où est le pont actuel ; il avait même eu l'intention, en 1622 et en 1624, de construire à cet endroit un pont en bois pour dédommager les habitants. Mais les autorités de la ville de Pontoise s'étaient opposées à la construction de ce pont, et ce ne fut qu'en 1638 que Charles de La Grange, du fait acquis par le déplacement du bac, put obtenir du roi Louis XIII la possession de l'ancien chemin qui le gênait dans son plan de construction d'un nouveau château. Il y avait aussi l'ancien manoir et l'aile de bâtiment costruite par les Guibert ; l'ancien manoir fut sacrifié, mais le bâtiment des Guibert fut respecté comme ne déparant pas trop le nouveau château.

La construction de ce château avait débuté dès 1637 par l'élévation d'une nouvelle chapelle, non loin de l'ancienne, puis, après l'autorisation de 1638, ce fut la clôture du parc et ensuite, vers 1642, la construction du nouveau château. C'est pendant cette construction en 1643, le 11 janvier, que Marie Pâris, la seconde femme du baron de La Grange, vint à mourir en lui laissant une fille unique, Anne, âgée d'une dizaine d'années ; elle fut inhumée dans la chapelle du château.


Quelques années plus tard, Charles de La Grange se remaria en troisièmes noces, ayant alors environ 50 ans, avec la jeune veuve de Charles-François de Maupeou, seigneur d'Ableiges (95), du nom de Marie-Françoise Chouaisme ; elle avait un enfant de François de Maupeou, nommé Gilles-François de Maupeou, ancêtre du chancelier de Maupeou, avec qui elle a tenu sur les fonds baptismaux de l'église d'Eragny, lui parrain, elle marraine, en 1656, un fils de Pierre Cousturier, garde du roi.

Elle était alors veuve de Charles de La Gange, qui était décédé à Neuville, le 15 mars 1654, laissant une seconde fille - Françoise - issue d'elle, à peine âgée de trois ans et à laquelle il réserva la baronnie de Conflans, de préférence à sa sœur aînée consanguine Anne de la Grange, qui eut les seigneuries de Neuville et Ham, moins le château, par lui donné en douaire à sa dernière femme. C'est de Charles de La Grange, maître des Comptes, que date l'importance du château actuel ; il s'attacha à sa nouvelle résidence et accrut son domaine.

À sa mort en 1654, l'aile droite du château n'était pas terminée et sa veuve et troisième épouse, Françoise Chouaisne, fit achever l'œuvre entreprise. La période la plus faste de Neuville commençait.Les deux filles de Charles, Anne, du premier mariage, et Françoise, fille de Françoise Chouaisne, furent très en cour.

Tallemant des Réaux nous révèle qu'Anne épousa secrètement Louis de Buade de Frontenac, gouverneur du Canada, contre la volonté de son père qui aurait dit de fureur : "Je n'ai que cinquante ans, je me remarierai: j'aurai douze enfants, elle n'aura que le bien de sa mère...". Elle fut la compagne de Mademoiselle de Montpensier pendant la Fronde. Elle était, dit Saint-Simon, belle et galante, extrêmement du grand monde, et du plus recherché. Elle et son amie Melle d'Ourelaize qui ont passé leur vie logées ensemble à l'Arsenal, étaient des personnes dont il fallait avoir l'approbation ; on les appelait "les Divines". C'est à elle qu'échut Neuville mais elle n'y résida guère, poursuivant sa vie brillante dans les salons parisiens ; elle mourut en 1707 sans héritier.

Sa part passa à sa demi-sœur Françoise de la Grange qui avait reçu la baronnie de Conflans par succession et avait épousé Jean-Jacques Charon, marquis de Ménars, beau-frère de Colbert, président à Mortier au Parlement de Paris, "une très belle figure d'homme, et fort bon homme aussi, peu capable, mais plein d'honneur, de probité, d'équité et modeste, prodige dans un président à mortier" (Saint-simon).

Par la bonne conservation des archives (baux, droits de péage et de sel, bac...), nous savons que les revenus de la seigneurie étaient importants et que le Président tenait à ses droits. Il faisait partie de cette riche noblesse de robe, proche de la cour, amateur d'art et de beaux livres, avait racheté la bibliothèque de François de Thou qu'il avait accrue de quelques beaux manuscrits et de livres rares et sa femme était dite "La Présidente". Il mourut à Ménars prés de Blois en 1718.

Avec Messire Jean-Jacques Charon, chevalier, marquis de Ménars, conseiller du roi en tous ses Conseils, président à mortier au Parlement, beau-frère de Colbert, le château de Neuville augmente encore d'importance. Son mariage avec la châtelaine de Neuville eut lieu aux environs de 1670 et quelques années plus tard se produisit le décès de la douairière de La Grange, sa belle-mère.

En 1727, la marquise de Ménars, la "Présidente" comme on l'appelait, était veuve du marquis. Née en 1651, elle avait alors 76 ans.

Pendant sa longue durée de propriétaire du château de Neuville, elle s'était révélée charitable et bienfaisante ; c'est elle qui fit élever le puits sur la place de l'Auditoire, pour servir aux habitants de ce quartier qui n'en avaient pas.

Elle vécut dans un âge assez avancé, ayant marié sa petite fille Louise Charon de Ménars, dame de compagnie de Mesdames de France filles de Louis XV, avec le très haut et très puissant seigneur : Esprit-François-Henry, marquis de Castellanne, maréchal des camps et armées du Roi, chevalier de l'Ordre militaire et royal de Saint-Louis et chevalier d'honneur de Madame Sophie de France.


Le marquis de Castellanne fut seigneur de Neuville et baron de Conflans jusqu'en 1775, époque où il vendit son château, ses propriétés et ses droits à l'ambassadeur d'Autriche, le comte de Mercy-Argenteau et cela, dit-on, par suite du chagrin qu'il avait eu d'avoir perdu sa fille noyée dans l'Oise. Toujours est-il que lui et sa femme furent les derniers descendants des Guibert et des Montmorency qui occupèrent le château de Neuville.

Au départ des descendants des bourgeois de Pontoise, ce fut donc le seigneur Monseigneur Florimont comte de Mercy-Argenteau, Ambassadeur de Sa Majesté Impériale, royale et apostolique d'Allemagne près de la Cour de France, l'Ambassadeur, comme on l'appela communément, qui vint habiter le château de Neuville, par suite de l'acte de vente que lui fit pour 390.000 livres, le 6 décembre 1775, devant Me Millon d'Ailly, notaire à Paris, le marquis de Castellane, de la baronnie de Conflans, de la terre et du château de Neuville et de tous les droits féodaux y attachés.

Il était né dans une famille belge de haute noblesse résidant à Argenteau, au nord de Liège.

Il se destinait à la carrière diplomatique et débuta comme secrétaire d'ambassade en France. Quelques années plus tard, après d'autres postes en Europe, notamment en Italie, il revint dans notre pays comme Ambassadeur de sa Majesté Impériale royale et apostolique d'Allemagne à la cour de France, c'est-à-dire le représentant de la cour de Vienne à Versailles. C'est à ce titre qu'il sera le chaperon, confident et conseiller de Marie-Antoinette, une des filles de l'Impératrice Marie-Thérèse qui, mariée à Louis XVI, deviendra Reine de France en 1774.

Son influence diplomatique très importante, restée secrète jusqu'à la publication de sa correspondance, tient une bonne place dans les biographies royales, surtout celles de la reine guillotinée en 1793. Le Comte de Mercy-Argenteau est loin d'être insensible à la vie mondaine à Paris où il a son hôtel particulier et se prend d'amitié pour Rosalie Levasseur, une jeune chanteuse d'opéra née à Valenciennes. Il découvre notre région quand il fait l'acquisition, en 1772, du château de Chennevières à Conflans-Sainte-Honorine.

C'est pour sa maîtresse, Rosalie Levasseur, que l'ambassadeur acheta le château de Chennevières (hameau de Conflans-Ste-Honorine) ; de son acquisition faisait partie la grosse tour de Conflans, chef-lieu de la baronnie, dite tour de Ganne, qui ne renfermait plus alors que les archives, l'auditoire et la geôle ; mais à Neuville se trouvait un joli château, un superbe parc bordant l'Oise, une allée d'un kilomètre de long plantée d'une quadruple rangée de peupliers; il y avait aussi des arbres séculaires, des ormes, un superbe cèdre et un Sophora gigantesque, qui fleurit tous les trois ans ; ils existent encore aujourd'hui. Pour l'ambassadeur, la vallée était charmante, l'air pur, le climat très doux, la situation commode, à proximité de Paris, de Versailles et surtout de Chennevières ; l'ensemble constituait donc pour lui une fort belle propriété, pourvue d'un droit de chasse qui s'étendait sur les territoires de Neuville, de Conflans, de Ham, d'Eragny et de Chennevières, giboyeux en lièvres, lapins, perdreaux, et, dans certaines parties, propice à l'élevage des faisans.


Ses ressources lui permettent d'aménager à Neuville une "chambre du roi" dont on ne sait à qui elle était destinée, de l'impératrice se rendant à Versailles ou du Roi de France venant partager leur plaisir commun à la chasse. Les cahiers de doléances de 1789 témoignent des dégâts que cela causait aux cultures paysannes. Pourtant, il n'était pas étranger à la vie locale. Il fut nommé marguillier d'honneur de la paroisse d'Eragny, vraisemblablement du fait de la générosité de ses dons. Au moment de la grande peur qui précéda la Révolution et agita nos campagnes, il fit ouvrir les greniers publics où étaient conservées les réserves destinées à la fabrication du pain. Il s'était installé une vie confortable où son amie tenait une grande place.

Le comte de Mercy-Argenteau fit des travaux considérables au château : il décora, en particulier, le salon d'angle de très fines boiseries sculptées dont il confia l'exécution aux artistes qui travaillaient pour la Reine à Versailles et à Trianon. Il fit procéder à un travail du même ordre dans la chambre d'honneur qui y était attenante et qui s'est appelée, par une tradition conservée jusqu'à nos jours, chambre de Joseph II, tradition d'autant plus vraisemblable que le lit est constitué par des faisceaux de licteurs. Ces embellisements auraient été exécutés à l'occasion du voyage à la cour de l'héritier de l'Impératrice Marie-Thérèse.

A la même époque, une chambre du premier étage fut elle aussi, ornée de très délicates boiseries, où l'on remarque une lyre entre des branches de roses. N'était-ce point là la chambre de Mademoiselle Rose-Josèphe Levasseur ? Si l'ambassadeur se trouvait très bien dans sa propriété, il n'en était pas de même pour les habitants qui, eux, regrettaient leurs anciens maitres auxquels ils avaient voué une profonde amitié ; et puis, ils le trouvaient trop haut et trop fier pour eux.

Avec son nouveau propriétaire, le château de Neuville devint le rendez-vous de la haute aristocratie. Sa proximité du château de Glatigny-Maurecourt, appartenant à la duchesse de Polignac, cette amie de la reine Marie-Antoinette que l'Ambassa-deur avait amenée en France, et dont il était le conseiller et le gardien, le peu de distance de celui de Vauréal, appartenant au comte de la Marche, Louis-François-Joseph de Bourbon-Conty, le rendaient le centre d'attraction de la contrée et de ses illustres hôtes.

L'agitation révolutionnaire eut raison de ses projets. Il quitta la France, fit vendre le 27 janvier 1791, par devant Me Girard, notaire à Paris, au moyen de la procuration qu'il avait donnée à son secrétaire Kruthoffer, ses domaines de Neuville et de Conflans, les droits de bac sur la Seine et sur l'Oise, et généralement tout ce qui dépendait de l'ancienne seigneurie de Neuville et l'ancienne baronnie de Conflans, moyennant trois cent mille livres, à M. Pierre-Jean-Baptiste Picquefeu de Bermon, qui s'intitulait dans l'acte : " Officier Commensal de la Reine, négociant-armateur au port d'Honfleur, vice-consul de Sa Majesté impériale et royale audit port, député suppléant du bailliage de Rouen à l'Assemblée Nationale".

Il attribua à Rosalie Levasseur ses biens de Chennevières qui ne résistèrent pas à la fureur ambiante avant que, sa santé déclinant, il ne se rende pour une ultime mission diplomatique en Angleterre où il décéda en arrivant.

La grande misère du peuple, la débauche des grands et les abus de toutes sortes avaient rendu inévitable la chute de la royauté et l'avènement de la République.

Nul doute que, si le château de Neuville fût resté la propriété de l'ambassadeur d'Autriche, il n'eût été complétement détruit, pillé et ravagé, tant était grand le ressentiment que l'on éprouvait à ce moment en Fance pour tout ce qui touchait de près ou de loin à l'Autriche, cette ennemie déclarée de la France, et si l'ambassadeur ne s'était pas sauvé, il eût sûrement payé de sa tête les causes de ce ressentiment.

Pendant ces temps de révolutions successives, quel fut le sort de Neuville, de son château et de son nouveau propriétaire, le sieur de Bermon ?

C'était un négociant-armateur honfleurais, officier commensal de la Reine. Il fut bon gérant de ses biens, soucieux de sa fortune, trés préoccupé par le rachat des droits féodaux et par l'obtention d'indemnités : attaché à la chose publique, il devint maire d'Eragny, dont dépendait Neuville, de 1796 jusqu'à sa mort en 1810.


M. de Bermon, devant la Révolution, se faisait appeler tout simplement le citoyen Picquefeu ; il se faisait aussi le champion de toutes les réformes révolutionnaires en recherchant l'amitié des plus acharnés sans-culottes, se rendant avec eux dans les réunions publiques pour y chanter les refrains nationaux populaires.

Un revirement s'étant produit dans la direction du Gouvernement français, M. de Bermon reprit son rang et son titre, puis il donna, n'ayant pas d'enfant, le château de Neuville en contrat de mariage à sa nièce ou fille adoptive Marie Fontenay (ou Marie Putney) lors de son union avec le colonel Randon de Pully, en réservant l'usufruit à son épouse. Celle-ci, abandonnant ses droits au baron, en 1817, se retira à Glatigny.

Le colonel Etienne Babolin Randon de Pully devint donc maître de Neuville, mais sans cesse en proie à d'énormes difficultés financières, il dut vendre ses biens cinq ans plus tard. Des dissentiments étant survenus entre la municipalité d'Eragny et le baron de Pully au sujet du legs Sébastien de La Grange, il abandonna ses propriétés de Neuville, vendit le château et se retira dans ses terres du Poitou.

C'est au mois de mai 1822 que le vicomte Etienne-Emile Cornudet des Chomettes et la vicomtesse Cornudet, née Eglée-Eugénie Vanlesberghe, achetèrent, au baron de Pully, le château de Neuville, ses dépendances et la Tour de Conflans.

Les Cornudet des Chomettes, magistrats originaires de la Manche, possédaient le château de Crocq dans la Creuse. C'est Etienne-Emile, fils de Joseph comte d'Empire et pair de France, lui-même sous-préfet, conseiller général et député de la Creuse, pair à son tour en 1846 et époux depuis 1821 de la fille d'un riche banquier, Eglé Vanlerberghe, qui racheta au baron de Pully, en 1822, le château et le domaine de Neuville ainsi que ce qui subsistait de la baronnie de Conflans : la vieille tour de Ganes.

Le château et le parc étaient alors en triste état, nous révèlent les inventaires. Aussi Eglé et Emile s'attachèrent-ils à rénover le domaine ; une note sur la terre de Neuville, probablement de la main d'un régisseur, est très éclairante : "La terre de Neuville a été vendue en 1822 par M. le Baron Randon de Pully à M. le Comte et Mme la Comtesse Cornudet. Depuis de longes années cette propriété avait été extrêmement négligée. Le château était dans un état de délabrement complet. Le parc dessiné à la manière de Le Nôtre était jadis couvert de plantations magnifiques... Sous prétexte de le transformer en un parc à l'anglaise on avait abattu tous les plus beaux arbres mais le terrain avait conservé son ancienne forme, c'est-à-dire qu'il s'élevait depuis le bord de l'eau jusqu'à la partie supérieure par larges gradins ou terrasses horizontales à l'exception de la partie dit jardin anglais...

Le premier soin de M. le Comte et de Mme la Comtesse fut de renouveller les plantations. Dès 1823, des travaux considérables furent entrepris au château. La galerie qui comprend le vestibule, la salle à manger et le petit salon furent entièrement rebâtis à neuf. Des boiseries furent refaites dans ces diverses pièces... Toutes les fenêtres de l'aile gauche furent refaites à neuf. Les toitures furent refaites à neuf à l'exception de l'aile droite.

La cour d'honneur fut plantée et arrangée. Une grille en fer remplace l'ancienne porte cochère. Dans le parc, de grands travaux de terrasse furent exécutés, plus de 13 000 m3 de terre furent transportés à l'endroit où se trouvait le puits artésien. Toutes les allées furent tracées avec des points réguliers et solidement empierrées.

De nombreuses plantations furent faites dans tout le parc. En 1832 la chapelle qui était autrefois beaucoup plus grande mais entièrement délabrée, a été reconstruite telle qu'elle est, dallée et décorée à neuf... C'est la même année qu'a été construite l'orangerie. La tour... était un colombier. M. le Comte Cornudet a fait établir au rez-de-chaussée une laiterie voûtée et au-dessus deux étages de grenier. En 1837 le Comte Cornudet a fait forer le puits artésien. L'eau est venue... seulement jusqu'à 4 mètres au-dessous du sol. Il a donc fallu y établir de fortes pompes et un manège... On y a également construit les deux petites pièces d'eau dont l'une est affectée spécialement à l'approvisionnement de tous les robinets... L'autre peut servir à l'irrigation de la prairie inférieure. La basse cour a été réparée... La grande écurie a été réparée... Les stalles et les box construits à neuf. Enfin c'est M. le Comte Cornudet qui a fait faire à ses frais tous les trottoirs qui existent le long du parc de Neuville depuis le chemin de Conflans jusqu'à l'angle du pont ainsi que la route depuis la Croix jusqu'au pont... ".

Le comte Émile Cornudet fit, par contrat, donation du domaine de Neuville à son fils unique, Joseph-Alfred Cornudet des Chomettes, le 23 février 1854, à l'occasion de son mariage avec Valentine de la Redorte.

Le nouveau propriétaire avait été attaché d'ambassade et fut, peu après son mariage, membre du Conseil général de la Creuse et député du département en 1867. Il devint maire de Neuville en 1869.

Le Comte Alfred Cornudet mourut lui-même le 7 juin 1876, laissant trois enfants. Jeanne, qui était née à Neuville en 1859, est morte à Issy (seine) le 24 juin 1921, supérieure des Religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve, et deux fils. L'aîné Emile, eut en partage les propriétés de la Creuse dont il fut, après avoir été officier de cavalerie, membre du Conseil Général et député, et qui, en mourant sans postérité, laissait un frère unique, Joseph, sénateur de Seine-et-Oise, maire de Neuville depuis 1888, membre du Conseil Général de Seine-et-Oise depuis 1890, et a été député de ce département depuis 1898 jusqu'à son élection au Sénat en janvier 1924, et qui, de son mariage avec Mademoiselle Jeanne de Villeneuve-Bargemon (décédée en 1907), eut cinq filles (Louise, décédée à l'âge de dix-huit mois, Valentine, décédée dans sa sixième année, Roselyne, épouse du marquis de Chabrillan, Edmée, épouse du marquis de Saint-Chamans et Raymonde, épouse du baron de Beauverger) et six petits-enfants.

Les générations Cornudet n'ont fait qu'embellir, agrémenter, moderniser. Une grosse tranche de travaux eut lieu dans les années 1890 pour l'établissement de la machine à vapeur (pompe à eau), et de gros travaux d'entretien vers 1928 également.

Après la mort de Joseph Cornudet, en 1938, c'est principalement sa fille Edmée de Saint-Chamans, alors veuve du marquis de Saint-Chamans, elle-même maire de Neuville, qui entretint le domaine.

Elle devint l'unique propriétaire du domaine en 1950.

À sa mort en 1959, elle lègue sa fortune à l'Évéché de Versailles et des biens mobiliers à sa nièce Jeanne, fille de Roselyne Cornudet, épouse du marquis de Chabrillan.

En 1960, le comte Bertrand de la Poèze d'Harambure, époux de Jeanne de Chabrillan, rachète le château à l'Évéché de Versailles.


Le nouveau propriétaire avait été attaché d'ambassade et fut, peu après son mariage, membre du Conseil général de la Creuse et député du département en 1867. Il devint maire de Neuville en 1869.

Le Comte Alfred Cornudet mourut lui-même le 7 juin 1876, laissant trois enfants. Jeanne, qui était née à Neuville en 1859, est morte à Issy (seine) le 24 juin 1921, supérieure des Religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve, et deux fils. L'aîné Emile, eut en partage les propriétés de la Creuse dont il fut, après avoir été officier de cavalerie, membre du Conseil Général et député, et qui, en mourant sans postérité, laissait un frère unique, Joseph, sénateur de Seine-et-Oise, maire de Neuville depuis 1888, membre du Conseil Général de Seine-et-Oise depuis 1890, et a été député de ce département depuis 1898 jusqu'à son élection au Sénat en janvier 1924, et qui, de son mariage avec Mademoiselle Jeanne de Villeneuve-Bargemon (décédée en 1907), eut cinq filles (Louise, décédée à l'âge de dix-huit mois, Valentine, décédée dans sa sixième année, Roselyne, épouse du marquis de Chabrillan, Edmée, épouse du marquis de Saint-Chamans et Raymonde, épouse du baron de Beauverger) et six petits-enfants.

Les générations Cornudet n'ont fait qu'embellir, agrémenter, moderniser. Une grosse tranche de travaux eut lieu dans les années 1890 pour l'établissement de la machine à vapeur (pompe à eau), et de gros travaux d'entretien vers 1928 également.

Après la mort de Joseph Cornudet, en 1938, c'est principalement sa fille Edmée de Saint-Chamans, alors veuve du marquis de Saint-Chamans, elle-même maire de Neuville, qui entretint le domaine.

Elle devint l'unique propriétaire du domaine en 1950.

À sa mort en 1959, elle lègue sa fortune à l'Évéché de Versailles et des biens mobiliers à sa nièce Jeanne, fille de Roselyne Cornudet, épouse du marquis de Chabrillan.

En 1960, le comte Bertrand de la Poèze d'Harambure, époux de Jeanne de Chabrillan, rachète le château à l'Évéché de Versailles. En 1989, sollicité par la préfecture pour céder une parcelle de 6 hectares de son parc en vue de la construction d'une station d'épuration, le comte de la Poèze d'Harembure ne se résoud pas à amputer son domaine et cède en totalité le château et son parc à l'Établissement Public d'Aménagement de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise. Le comte ne conserve en propriété que les maisons rurales situées dans la commune. Il s'ensuivit douze années d'inoccupation et d'abandon durant lesquelles divers projets de rénovation ou de reconversion furent envisagés sans succès et ce n'est qu'en 2001 que Jean Liogier, découvrant Neuville, conçoit d'y implanter un établissement de retraite médicalisé pour personnes âgées qui sera le fleuron du projet de vie "Épinomis", son groupe, expérimenté avec succès à Compiègne quelques années plus tôt. En 2002, Jean Liogier devient le nouveau propriétaire du château.

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