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Ses ressources lui permettent d'aménager à Neuville une "chambre du roi" dont on ne sait à qui elle était destinée, de l'impératrice se rendant à Versailles ou du Roi de France venant partager leur plaisir commun à la chasse. Les cahiers de doléances de 1789 témoignent des dégâts que cela causait aux cultures paysannes. Pourtant, il n'était pas étranger à la vie locale. Il fut nommé marguillier d'honneur de la paroisse d'Eragny, vraisemblablement du fait de la générosité de ses dons. Au moment de la grande peur qui précéda la Révolution et agita nos campagnes, il fit ouvrir les greniers publics où étaient conservées les réserves destinées à la fabrication du pain. Il s'était installé une vie confortable où son amie tenait une grande place.

Le comte de Mercy-Argenteau fit des travaux considérables au château : il décora, en particulier, le salon d'angle de très fines boiseries sculptées dont il confia l'exécution aux artistes qui travaillaient pour la Reine à Versailles et à Trianon. Il fit procéder à un travail du même ordre dans la chambre d'honneur qui y était attenante et qui s'est appelée, par une tradition conservée jusqu'à nos jours, chambre de Joseph II, tradition d'autant plus vraisemblable que le lit est constitué par des faisceaux de licteurs. Ces embellisements auraient été exécutés à l'occasion du voyage à la cour de l'héritier de l'Impératrice Marie-Thérèse.

A la même époque, une chambre du premier étage fut elle aussi, ornée de très délicates boiseries, où l'on remarque une lyre entre des branches de roses. N'était-ce point là la chambre de Mademoiselle Rose-Josèphe Levasseur ? Si l'ambassadeur se trouvait très bien dans sa propriété, il n'en était pas de même pour les habitants qui, eux, regrettaient leurs anciens maitres auxquels ils avaient voué une profonde amitié ; et puis, ils le trouvaient trop haut et trop fier pour eux.

Avec son nouveau propriétaire, le château de Neuville devint le rendez-vous de la haute aristocratie. Sa proximité du château de Glatigny-Maurecourt, appartenant à la duchesse de Polignac, cette amie de la reine Marie-Antoinette que l'Ambassa-deur avait amenée en France, et dont il était le conseiller et le gardien, le peu de distance de celui de Vauréal, appartenant au comte de la Marche, Louis-François-Joseph de Bourbon-Conty, le rendaient le centre d'attraction de la contrée et de ses illustres hôtes.

L'agitation révolutionnaire eut raison de ses projets. Il quitta la France, fit vendre le 27 janvier 1791, par devant Me Girard, notaire à Paris, au moyen de la procuration qu'il avait donnée à son secrétaire Kruthoffer, ses domaines de Neuville et de Conflans, les droits de bac sur la Seine et sur l'Oise, et généralement tout ce qui dépendait de l'ancienne seigneurie de Neuville et l'ancienne baronnie de Conflans, moyennant trois cent mille livres, à M. Pierre-Jean-Baptiste Picquefeu de Bermon, qui s'intitulait dans l'acte : " Officier Commensal de la Reine, négociant-armateur au port d'Honfleur, vice-consul de Sa Majesté impériale et royale audit port, député suppléant du bailliage de Rouen à l'Assemblée Nationale".

Il attribua à Rosalie Levasseur ses biens de Chennevières qui ne résistèrent pas à la fureur ambiante avant que, sa santé déclinant, il ne se rende pour une ultime mission diplomatique en Angleterre où il décéda en arrivant.

La grande misère du peuple, la débauche des grands et les abus de toutes sortes avaient rendu inévitable la chute de la royauté et l'avènement de la République.

Nul doute que, si le château de Neuville fût resté la propriété de l'ambassadeur d'Autriche, il n'eût été complétement détruit, pillé et ravagé, tant était grand le ressentiment que l'on éprouvait à ce moment en Fance pour tout ce qui touchait de près ou de loin à l'Autriche, cette ennemie déclarée de la France, et si l'ambassadeur ne s'était pas sauvé, il eût sûrement payé de sa tête les causes de ce ressentiment.

Pendant ces temps de révolutions successives, quel fut le sort de Neuville, de son château et de son nouveau propriétaire, le sieur de Bermon ?

C'était un négociant-armateur honfleurais, officier commensal de la Reine. Il fut bon gérant de ses biens, soucieux de sa fortune, trés préoccupé par le rachat des droits féodaux et par l'obtention d'indemnités : attaché à la chose publique, il devint maire d'Eragny, dont dépendait Neuville, de 1796 jusqu'à sa mort en 1810.

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